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BOIS RAMEAL FRAGMENTE

Conférence sur le B.R.F. (Bois Raméal Fragmenté)
Méthode Jean PAIN
par M. Etienne BONVALLET, équipe Jean PAIN, lors de l’assemblée générale du 10 février 2007
à la mairie de Pers-en-Gâtinais
LA BELLE HISTOIRE DE L’OR VERT

     En 1965, un homme curieux de nature, doué de facultés d’adaptation et d’observation, Jean PAIN, qui élève des chèvres dans une ancienne commanderie templière située près de Villecroze, dans le Var, s’aperçoit qu’il a des besoins en litière qui lui coûtent de plus en plus cher, car les 3 hectares de terre médiocre qu’il exploite lui permettent difficilement de vivre décemment. Aussi, essaie-t-il d’utiliser les broussailles, le thym, le romarin qu’il trouve en abondance dans cette région. Il se rend bien vite compte que le compost réalisé avec cette litière, sans broyage, est intéressant. Il essaie, également, d’élever des courtilières, de cultiver du chiendent… puis il adopte la technique du compostage avec des branchages et de l’eau. Le résultat s’avère très probant.
Comme la qualité de ses fromages de chèvre est réputée, il a de nombreux clients et, parmi eux, se trouve un chercheur, M. Robert GIRY, expert international en matière d’énergie, qui va orienter ses recherches, voyant dans cette méthode une réponse non négligeable au problème mondial posé par la pénurie de carburants. Il pense que la voie tracée par Jean PAIN pour la production d’engrais, de carburant et d’électricité est une solution pleine d’avenir. De même, un journaliste lui fait l’honneur de ses colonnes.

METHODE

     – Phase expérimentale
Le « gâteau magique » qu’il a conçu est une « centrale » qui fournit à sa famille l’énergie dont elle a besoin. C’est un cylindre de 3 mètres de haut et de 6 de diamètre pesant 50 tonnes, constitué de menus débris de broussailles, bruyère, genévrier, fougère, genêt, pin, thym, bruyère (branches vertes en feuilles ou en bourgeons).
Ce « cocktail végétal » est un compost constitué uniquement de matières ligneuses (branches vertes en feuilles ou en bourgeons) et de broussailles broyées. Enterrée au milieu du compost, se trouve une cuve d’acier hermétique de 4 m3 remplie aux ¾ de ces débris de 2 mois d’âge, macérant dans l’eau. Chauffé lui-même par la fermentation du compost qui l’entoure, ce réservoir produit du méthane qui sera stocké à proximité, dans des chambres à air de camion raccordées à la cuve par un tuyau. Le gaz produit puis compressé sert à cuire la nourriture et à fabriquer l’électricité de la famille de Jean PAIN. Il fournit, également, le carburant qui alimente les véhicules et l’eau chaude de la maison.
Mais cet amas de broussailles réduites en charpie a encore un autre usage : une fois la fermentation terminée, ce gâteau magique cesse de produire de l’énergie, mais fournit alors de l’engrais naturel et équilibré. En épandant une épaisse couche de cet humus sur le terrain caillouteux qui entoure la maison, Jean PAIN crée un somptueux potager où poussent des tomates et même des légumes tropicaux : plants de tomates de 2,50 mètres de haut ; pastèques de 6 kg…
L’originalité de la méthode réside dans le fait qu’elle ne tient compte ni de la qualité du sol, ni du climat, ni du rapport « NPK ». On utilise le végétal vivant dès sa coupe. La matière est constituée, en grande quantité, de bois (matière ligneuse) qui va apporter au sol les éléments nutritifs au moment où les plantes en auront besoin. Les plantes se développeront alors en harmonie, sans beaucoup d’arrosage, et avec une bonne résistance aux parasites. Jean PAIN a mené sa première expérience pendant 12 ans, sans pratiquer le moindre traitement.

       – Application Energétique
En 1970-1971, de grands incendies déciment la forêt méditerranéenne. Martin GRAY (Au nom de tous les miens) y verra périr son épouse et ses enfants. On se rend compte que le débroussaillage est une nécessité impérative. Des recherches sont entreprises pour passer du stade « manuel » à celui de la mécanisation, en broyant mécaniquement des matières cellulosiques que l’on met en tas et que l’on arrose.

La méthode de compostage des végétaux mise au point par Jean PAIN et la « philosophie » de la reproduction systématique et artificielle de la fertilité forestière sur les sols agricoles va bientôt intéresser des chercheurs ; c’est le Professeur Gilles LEMIEUX, de l’Université de LAVAL au Canada, qui vient en France étudier la méthode de Jean PAIN et qui veut raccourcir le temps de mise à disposition du produit, en supprimant la période de fermentation. Cette pratique est simple, demande peu de financement et, pourtant, seul le hasard semble avoir initié sa découverte. Jean PAIN a reproduit, en fait, avec sa méthode, la « technique » de la forêt.

         De là est né le B.R.F. Après observations, le Professeur LEMIEUX et ses collègues se rendent compte qu’un fonctionnement optimal consiste à n’utiliser que des bois de moins de 7 centimètres de diamètre, et de préférence des bois blancs ne contenant pas de tannin.

          Au Canada, des expériences voient le jour, aussi, avec du lisier. Mais le plus gros travail reste le broyage.
Jean PAIN fait ses calculs : 1 000 hectares de forêt peuvent fournir, chaque année, 6 000 tonnes d’engrais, 960 000 m3 de biogaz et des millions de litres d’eau chaude. Or, pour exploiter la forêt, on ne dépense que 12 % de l’énergie que l’on recueille. Et le cycle se reproduit indéfiniment, puisque la broussaille se renouvelle tous les 7 ans. L’idée est doublement intéressante : d’un côté, la forêt nettoyée et à l’abri des incendies, de l’autre, un réservoir inépuisable d’engrais et d’énergie thermique. En 1976, des applications énergétiques, pour la production d’eau chaude, voient le jour. Elles vont avoir un grand retentissement médiatique. La technique dite du B. R. F. peut devenir une « providence » pour l’homme du XXIe siècle.

MODE OPERATOIRE 

          Il faut distinguer le B.R.F. de la Méthode Jean PAIN car les deux techniques sont tout-à-fait différentes :

Méthode Jean PAIN

          Les branchages doivent être lacérés et fragmentés dans un système de broyage afin de faciliter l’attaque de la lignine par les bactéries et les champignons. En effet, l’écorce de ces petites branches est protégée des insectes et bactéries par un germe de cuticule. Un tas de broussailles humidifiées de 1,20 mètre x 1,60 mètre dégage, au bout de 3 mois, une bonne odeur d’humus ; on peut y introduire (entre 3 et 4 mois) les tontes de pelouses. En fin de fermentation, c’est-à-dire 7 ou 8 mois, on obtient un produit qui a un pH d’environ 7 à 7,2 (dû à la fermentation aérobie du broyat) alors qu’il est environ de 5,5 au départ (acide). Il faut toujours maîtriser l’humidité pendant au moins 1 mois et procéder à un brassage à la suite. On remet ensuite le tas en forme cubique. De 85 % d’humidité au départ, on passe à 50 ou 60 % dans les mois suivants.

Contraintes propres au B.R.F.

          Plus le diamètre de la branche est petit, meilleur sera l’effet sur le sol : tout diamètre supérieur à 7 cm est à proscrire. L’idéal est que les rameaux ou branchages soient broyés pendant la période dormante, peu avant la poussée de sève (février/début mars). Ceci parce qu’ils contiennent de la lignine en formation, plus attaquable par les champignons et les bactéries que la lignine adulte ou mûre, telle que présente dans le tronc des arbres. Ces branches contiennent une matière azotée indispensable au développement de ces bactéries et champignons. Ces branchages peuvent provenir de la taille et de l’élagage des arbres d’ornement, des arbres fruitiers, des haies, à l’exception des buis et troënes de moins de 2 ans. Jusqu’ici négligés, voire encombrants, les résidus des travaux forestiers ou d’élagage se découvrent une nouvelle noblesse et une nouvelle richesse.

Dans cette méthode, il n’y a pas de mise en tas ni de compostage.

          Le broyat n’est jamais incorporé dans le sol, mais apporté sur le sol, à raison de 7 cm sur sol pauvre et 3 à 4 cm sur sol, dans nos régions, où la période idéale se situe au début de la culture d’été. La couverture est littéralement « digérée par le sol » naturellement, sans intervention après l’épandage. Cette couverture végétale peut avoir un effet désherbant et limite les arrosages, d’où son grand intérêt dans les régions ou sévit la sécheresse car l’arrosage lessive les sols. Sur le plan pratique, on ne bute plus les pommes de terre ni les haricots.

          La sciure peut être utilisée, à condition qu’elle soit fraîche. Il faut, également, utiliser des bois sains (ex. ne pas broyer des branches d’oliviers atteints de la fumagine ou attaqués par des parasites ou champignons). En revanche, le compostage en phase chaude (70 à 80° C) a permis de résoudre la maladie de l’orme. La sciure et les copeaux de bois traités, les bois secs et morts sont interdits.
Il faut tenir compte du rapport suivant : 10 hectares de forêt (500 tonnes) pour un hectare de maraîchage… le coût du compost est trop élevé pour la grande culture, d’autant plus que le compost est absorbé tous les ans par le sol. Chaque année, on ajoute une couche par-dessus celle de l’année passée. Il est conseillé de recouvrir tout le sol de B.R.F. (même les allées peuvent être recouvertes). On peut ainsi constater les trois couches caractéristiques d’un sol vivant et fertile :
– en surface, le B.R.F.
– en dessous la couche de décomposition remplie de filaments blancs (les mycéliums des champignons)
– le sol bien noir (et qui sent très bon).

         Dans la production de « plaquettes » pour le chauffage, on utilise n’importe quel type de bois.

QUALITES – PERFORMANCES DU COMPOST Jean PAIN

         Produit 100 % végétal, naturel
Amendement organique à fort pouvoir humifère (90 jours d’été sec sans arrosage)
Protection du sol contre l’érosion
Suppression des désherbages
Sa microbiologie particulière permet de diminuer les besoins en engrais
Utilisation considérée très intéressante en agriculture de type biologique, permettant un accroissement des rendements de façon naturelle
L’accroissement rapide du taux d’humus semble être l’intérêt premier de cette technique. Elle se situe à 1 % sur moins de 10 ans, alors qu’il faut 50 ans pour obtenir un résultat similaire avec du compost et 80 ans avec du fumier ou du lisier seuls
L’emploi du compost de broussailles permet aussi, dans le cadre du reboisement, une reprise et une croissance accélérée des plantations d’arbres forestiers ; il permet de mettre les forêts à l’abri du feu, en obtenant une excellente fumure organique.

Expériences spectaculaires et applications diverses

        – En TUNISIE, pour la fixation des dunes de sable, avec du compost issu d’eucalyptus
– Au CANADA, 200 à 300 % de rendement sur la culture des fraises
– Utilisations pour la culture des tomates et courgettes, notamment, dans les pays tropicaux manquant d’eau, avec des rendements de 500 à 800 % de la « planche témoin » (Madagascar, Afrique…)
– Essais intéressants en UKRAINE sur le seigle
– En Belgique, à LONDERZEEL, au nord de BRUXELLES , un chantier de compostage est flanqué d’un jardin florissant. C’est le Centre International Jean PAIN, créé en 1978. Il n’a cessé de connaître des extensions et distribue gratuitement une partie des produits issus du traitement des déchets verts
– En France, de nombreuses communes ont recours aux méthodes initiées par Jean PAIN, pour le traitement des « déchets verts » : NICE, DRAGUIGNAN, CAEN, CHAMBERY, COMMENSACQ (Landes), LUTTERBACH (Haut-Rhin) et, plus près de chez nous : SAINTPUITS, dans l’Yonne, où des bâtiments d’habitation sont chauffés grâce à ces méthodes.
– L’ADEME apporte son concours aux déchetteries qui ont recours au compostage des déchets verts (cf. notamment le site www.biomasse-normandie.org).
– Dans le monde entier, les méthodes Jean PAIN voient s’ouvrir, devant elles, un immense champ d’application. Le livre qu’il a écrit, avec son épouse, « Les Méthodes de Jean PAIN, ou un autre Jardin » est actuellement épuisé mais va être bientôt disponible en DVD.

MATERIEL

          La méthode de broyage la plus appropriée est la méthode du « chipping » (de broyat, en anglais) qui ne consiste pas en un défibrage du bois, qui serait une entrave à l’absorption de l’eau par le bois, mais en une coupe de la fibre, à un angle d’environ 30° avec des fibres de 3 à 4 mm d’épaisseur et d’environ 1 cm². Il est préférable, en effet, d’obtenir un fragment long et mince plutôt que court et épais. Lors du choix du matériel de broyage, qu’il soit de petite ou de grande taille, il est important de respecter la granulométrie appropriée avant le début du compostage.
Les broyeurs, (chippers) ont été créés, à la base, par Jean PAIN et son neveu, Etienne BONVALLET, pour le broyage des branchages en vue d’un compostage, ne nécessitent pas l’adjonction de retourneurs ni de cribleurs, car la granulométrie des copeaux est idéale dès la sortie du broyeur.
L’entreprise propose, également, des poêles à copeaux (dits plaquettes) à alimentation automatique.
A titre indicatif, un petit broyeur coût environ 1 500 Euros. Il en existe d’occasion. Un modèle motorisé pour tracteur coûte environ 5 000 Euros.

M. Etienne BONVALLET peut nous fournir toute la documentation sur les techniques et le matériel :
EQUIPE JEAN PAIN     B.P. 16 F     89520 TREIGNY
Tél. 03.86.74.72.20       jean-pain@jean-pain.com

EN CONCLUSION

           Pour Jean PAIN (décédé, mais son épouse poursuit son œuvre) « la forêt peut devenir la providence de l’homme du XXIe siècle« . L’enjeu est évidemment de taille pour la France, mais aussi pour tous les pays qui souffrent de sécheresse. La forêt française représente un appoint énergétique dont le biologiste Robert du PONTAVICE chiffre le potentiel à 20 millions de tonnes d’équivalent pétrole (T.E.P.) Et le cycle se reproduit indéfiniment puisque la broussaille se renouvelle tous les 7 ans. Un système original dans lequel on peut voir une réponse, non négligeable, au problème mondial posé par la pénurie d’eau et de carburants, en préservant les richesses naturelles. Il faut, malheureusement, rappeler qu’en Afrique, la pratique du brûlis subsiste et qu’elle est la principale cause de déforestation, alors qu’il existe des techniques simples, respectueuses de l’environnement.

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